Errant dans les bois, attiré par des bruits d’un chevreuil perdu, je marchais doucement. Quelques heures s’étaient écoulées lorsque je voyais une étrange lumière filtrée par une brume rampante. Je m’approchais pour découvrir une boite . Cette boite était en bois, habillée de ferrure dorée éclatante. Cette boite scintillait,non pas de reflet du soleil mais une lumière chaude, presque atomique essayait de s’enfuir par l’interstice du couvercle. Je m’étais assis au pied d’un immense sapin, la boite en main. Prenant une grande inspiration, je décidais d’ouvrir cette mystérieuse boîte. Une lumière intense m’aveuglait, accompagnée d’une chaleur digne d’une chalande brûlant à la St Jean, j’étais aspiré à l’intérieur de cette boîte. Je traversais une poussière cosmique pour me retrouver dans une autre galaxie.
Mon étonnement était indescriptible. J’avais atterri sur un grand pont tendu comme le film d’une pellicule, je voyais au loin des sources d’eau magiques qui ressemblaient à des émulsions de développement. Je m’étais téléporté dans le Monde Argentique . Au loin, j’entendais la douce mélodie de « Crying Lightning » des Arctic Monkeys. Je me dirigeais dans cette direction pour me retrouver face à deux frères. Révélateur et Fixateur, frères aux tempéraments différents mais très complices, m’accueillaient dans leur Monde, m’éduquaient sur leurs coutumes, leurs secrets. J’étais attentif à leur temps de révélation. Développant mon sens critique dans leurs différents bains, j’étais impressionné par la douceur de la température, même si une partie de ce monde s’avérait monter à 38°C. J’adoptais la décision de revenir régulièrement dans ce monde de poésie, où l’inattendu est la surprise.
Tel un gardien de la galaxie photographique, je parcours le monde, voyageant dans le monde Numérique, me réfugiant dans le monde Argentique, en écoutant du bon Rock comme The White Stripes, Savages, Disturbed...
Un jour d’octobre de l’année 1973, les rayons du soleil caressaient ces immenses forêts de la Vosgimancie. Les arbres étaient habillés de robes différemment colorées, du jaune à l’orangé. Ces couleurs étaient chatoyantes , attrayantes, enivrantes. La légère brise faisait virevolter ces branches chaudes et d’une couleur à faire pâlir Jean Paul Gaultier. La nuit commençait à recouvrir les forêts vosgimanciennes , des pleurs résonnaient dans une des maisons du village caché au milieu du territoire de la Contrex. Je venais de naître dans ce monde qui voyait la fin de la guerre du Kippour, le début du premier choc pétrolier. Mais le jour de ma naissance était aussi celle à laquelle Thomas Edson découvrit la Lumière en 1879.
J’ai grandi au milieu de ces plaines verdoyantes, arrosées régulièrement pendant la saison estivale. L’hiver recouvrait la Vosgimancie de son manteau blanc. Le froid, la neige ne m’empêchaient pas de parcourir ces étendues pour aller découvrir le Monde.
Curieux, aventurier, geek averti, après mon bac, je suis parti régulièrement l’étranger. Armé de mon compact, je photographiais mes aventures , mes rencontres. Ces photographies n’étaient que la mémoire de mes souvenirs, de mes séjours. En 2010, l’aventure m’emmenait à rencontrer Ray Flex en terre lointaine. D’allure robuste, il exprimait ses émotions avec délicatesse au travers de ses photographies. Me laissant bercer par ses histoires, je le suivais dans un nouveau monde. Fantastique, magique, je pénétrais dans le Monde Numerique.
J’y voyais un monde d’élégance, un monde dans lequel j’étais témoin du jeu de Claire et Obscur, où Ombre et Lumière me faisaient tourner la tête. Je me rapprochais pour en déceler le moindre pixel. Je me noyais dans cette vertigineuse mer de couleurs saturées, m’allongeais dans le sable de pixels. Je m’étais séparé de mon ami Otto Matick, et m’étais attaché à Manuel. Ce dernier me présentait Mister Flash. A nous trois, nous parcourions le Monde des Pixels, trompant Lumière, et sortant Ombre de sa réserve.
Mon réflex en main, j’écoutais « Beat the Devil’s Tatto » de Black Rebel Motorcycle Club, « there si no peace here, war is never cheap dear, love will never meet here, it’s just gets sold for parts... », ces paroles me berçaient pendant que je me baladais sur ces chemins de Vosgimancie, bordés d’un tapis orangé. L’automne venait de s’installer en cet octobre 2017.